Je me réfère ici aux travaux d’une psychologue clinicienne américaine, Anne ROE, qui s’est beaucoup intéressée à la question de l’orientation.
Elle a notamment fait des liens entre le type de relations parentales dans l’enfance et la façon dont les enfants s’orientent plus tard. Elle identifie trois situations qu’un enfant peut vivre :
- la surprotection : l’enfant se sent sur-protégé, ce qui va restreindre considérablement l’exploration de son environnement et augmenter sa dépendance. Il sent bien souvent aussi que l’on a des exigences à son égard. Et alors se sent obligé de performer et de réussir.
- l’évitement : avec deux positions possibles
- être rejeté : c’est-à-dire une absence totale et intentionnelle de gratification de la part des parents. Ce qui mène souvent à des formes de psychopathologies ou troubles du comportement
- être négligé : une absence non intentionnelle de gratification, c’est-à-dire que l’enfant est inexistant pour les parents. L’indifférence prédomine, renvoyant à une grande solitude
- l’acceptation : l’enfant se sent membre d’une famille à part entière. Les parents non coercitifs ou restrictifs encouragent l’enfant dans ses expériences propres.
La satisfaction des besoins de l’enfant selon les attitudes parentales
L’enfant qui a été surprotégé a ses besoins physiologiques comblés ainsi que ses besoins de sécurité. Par contre, il est possible que ses besoins d’appartenance, d’amour et d’estime de soi soient conditionnés par sa docilité. L’enfant pourra avoir alors une tendance à être conformiste par rapport aux exigences de ses parents. Car il devra réussir ce qu’il entreprend s’il veut mériter leur amour et leur estime. Il « devra » s’intéresser aux choses qui intéressent les parents.
L’enfant rejeté voit ses besoins élémentaires de soins physiques et de sécurité non satisfaits. Il peut souvent se vivre dans le dénigrement de lui-même. La confiance dans son avenir professionnel est plus difficile à construire.
Quelles conséquences sur les choix professionnels?
Selon Anne ROE, nous nous orientons très jeunes, soit plutôt vers les gens, soit plutôt vers les objets et les données. Le jeune opérera des choix plus précis à la fin de l’adolescence, au début de l’âge adulte. Un certain nombre d’études expérimentales montrent que cette orientation perdure tout au long de la vie : on ne passe pas généralement d’une orientation à une autre.
En fait, Anne ROE explique que les intérêts de l’enfant se construisent dans un mécanisme complexe et involontaire (nous ne choisissons pas notre milieu, ni ce qui nous arrive dans l’enfance). D’autres facteurs que le type de relations parentales dans l’enfance viendront expliquer le choix de sa profession (milieu socio-culturel, construction de l’image de soi, accidents de la vie…).
La satisfaction ou la frustration de nos besoins dans l’enfance est en tout cas un socle pour le développement de nos intérêts :
- un besoin dont la satisfaction a nécessité beaucoup d’efforts deviendra important pour la personne, alors que les besoins satisfaits trop facilement ne seraient pas des besoins motivateurs
- des besoins basiques totalement frustrés deviendront dominants dans les intérêts.
Mon point de vue de psychologue
Ce que je trouve intéressant, c’est l’idée que les intérêts de l’enfant se constituent bien plus tôt que l’on ne pense généralement (c’est-à-dire pendant la petite enfance et non seulement l’adolescence). C’est en tout cas une façon un peu différente de réfléchir à ses intérêts en rapport avec ses relations parentales, et l’influence de chacun de ses parents sur soi.
Aussi une façon d’être pleinement conscient de son influence en tant que parent?
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